Pays de Saint-Louis

D’Ottmarsheim et son abbatiale du 11ème siècle, je file rejoindre le Pays de Saint-Louis. Les kilomètres s’enchaînent à bonne allure jusqu'à la passerelle des 3 pays, à Huningue. Ensuite je rencontre Benoit, meunier à Hézingue au moulin de Jenny.
Pays de Saint-Louis

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Programme complet

La rencontre

Benoît FRISCH, meunier à Hésingue, nous fait découvrir la production de farine au Moulin Jenny.

L'étape

🚲 67.0 km ↗️ 440 m

D’Ottmarsheim et son abbatiale du 11ème siècle, je file rejoindre le Pays de Saint-Louis. Les kilomètres s’enchaînent à bonne allure pour rejoindre le bief de Niffer, véritable carrefour pour le transport fluvial entre 3 voies d’eau : le Canal D’Huningue, le Grand Canal d’Alsace et le Canal du Rhône au Rhin. Je ne compte plus les écluses depuis mon départ, mais celle-ci est un peu particulière, puisqu’elle a été dessinée par le célèbre architecte Le Corbusier.

Je fais un saut par le port de plaisance de Kembs et rejoins une vélo route qui file tout droit jusqu’à l’impressionnante Centrale Hydroélectrique de Kembs-Loechlé. Construite entre 1928 et 1934, elle produit, grâce, à ses 6 turbines, 160 mégawatts de puissance alimentée par l’énergie inépuisable du Rhin. Mon vélo, fier, ne se laisse pas intimider : malgré la couche nuageuse plutôt dense aujourd’hui, il se défend bien et l’énergie produite suffit à me propulser sur ce terrain relativement plat sans user les batteries. Je file sur l’EuroVélo 15 pour rejoindre la Camargue. Car oui, l’Alsace a sa Camargue, ou plutôt sa petite Camargue Alsacienne ! Héritage naturel du Rhin Sauvage, cette réserve naturelle est impressionnante : c’est une zone humide et marécageuse, et il suffit de pénétrer dans la « jungle rhénane » pour en avoir un aperçu, et parfois avoir le sentiment de plonger dans les bayous en Louisiane. Je profite d’un observatoire pour une pause bien méritée, mais aussi tendre l’oreille et observer cette nature foisonnante : oiseaux, amphibiens et mammifères sont légions, c’est le triomphe de la vie sauvage.

Sur cette étape, le contraste est saisissant : quelques kilomètres plus loin, j’arrive au centre de la ville d’Huningue, ancienne place forte, car stratégiquement située au carrefour entre 3 Pays. Aujourd’hui, la France, l’Allemagne et la Suisse s’unissent, la « Passerelle des 3 Pays » qui enjambe fièrement le Rhin en est justement un bon témoin. C’est d’ailleurs le croisement de 3 Euro-véloroutes, point de départ de nombreuses aventures transfrontalières. La boucle des 3 Pays, nouvellement créée, permet d’en avoir un bel aperçu à vélo.

De Saint-Louis, je rejoins rapidement Hésingue, entre ville et campagne, pour rencontrer Benoît Frisch et en apprendre plus sur un ingrédient utilisé quotidiennement, et pourtant pas si simple à produire : la farine.

La Rencontre

À mon arrivée, je cumule 50 kilomètres au compteur. Benoît, lui, cumule déjà plusieurs tonnes de farines dans sa journée. Au pied du moulin transmis de génération en génération, Benoît jongle entre surveillance du moulin qui tourne à plein régime, et les clients qui viennent acheter en direct. Le meunier m’entraîne à l’intérieur : sur 4 étages le blé provenant des alentours est transformé en 12 étapes. Benoît passe d’une machine à une autre : certaines ont plus de 80 ans ! Toutes sont alimentées par un seul et même moteur qui transmet le mouvement par des courroies qui traversent tous les étages. Le meunier m’explique avec passion comment le blé se transforme en farine. On pourrait s’imaginer qu’il suffit d’écraser le grain pour en retirer la farine, et pourtant, c’est bien plus compliqué que cela. Je suis totalement impressionné, Benoît connaît chaque boulon de son immense moulin, le regarde fonctionner, l’écoute, passe d’une machine à une autre pour vérifier que tout fonctionne à perfection, et obtenir la meilleure farine possible.
C’est un plaisir de le suivre d’un étage à un autre, et de plonger au cœur de ces machineries d’une autre époque. Son plaisir à lui, c’est de voir revenir les clients, parler de la qualité de ses produits, mais aussi de savoir d’où vient son blé. Il s’approvisionne autour du moulin et trouve même le temps de cultiver lui-même son propre blé.

Sur les 17 kilomètres qu’il me reste à parcourir pour finir l’étape du jour, je réalise la chance que j’ai eu de pouvoir passer quelques heures aux côtés de Benoît, meunier à 38 ans, qui porte en lui un savoir-unique et de plus en plus rare.

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