Étape 19

La rencontre

L'étape

🚲 53.3 km ↗️ 490 m

Départ ce matin de Bouxwiller, l’une des plus belles villes de l’Alsace du Nord. Il faut dire que l’alignement des maisons à colombage est surprenant : je ne sais plus où donner de la tête. L’Alsace révèle ses trésors à tous les coins de ruelles, mais aussi dans ses forêts et dans sa nature environnante. Il suffit de grimper sur la colline du Bastberg pour s’en convaincre. Classée réserve naturelle régionale, cette « butte » domine les alentours et offre un panorama unique sur les vergers, les prairies, mais aussi sur les reliefs que je m’apprête de traverser. Je dévale les pentes de ce lieu connu comme la colline des sorcières, source de nombreuses légendes, pour rejoindre Neuwiller-Les-Saverne. Je suis toujours surpris de découvrir des joyaux d’architectures au quatre-coins de la région, mais celui-ci m’étonne particulièrement. L’abbatiale Bénédictine Saint-Pierre-et-Paul d’étonne pas sa stature imposante, mais aussi par son mélange de styles romans, gothique et baroque.

Plus loin, je pénètre dans un univers qui m’est cher : la forêt. Mais pas n’importe laquelle, la forêt des Vosges du Nord, qui est en fait un océan d’arbres qui s’étale jusqu’en Allemagne sous le nom de forêt du Palatinat. Les deux territoires réunis forment la plus grande entité forestière d’Europe occidentale, reconnue en 1998 comme réserve de la biodiversité par l’UNESCO. C’est un trésor qu’il faut absolument protéger.

J’ai la chance de partager l’étape avec Dimitri Lett, spécialiste du vélo à Alsace Destination Tourisme. Avec Dimitri, nous avons imaginé ce parcours pendant des semaines, je suis heureux que l’on voit ensemble le concret de ce que nous avons pu travailler sur les cartes lors de nos nombreuses visios et échanges téléphoniques. Dimitri est un passionné, un « gars » de terrain, il m’a fait confiance et je suis fier de l’avoir avec moi sur une étape aussi belle que celle du territoire d’Hanau – La Petite Pierre.

Nous arrivons enfin à La Petite Pierre. Cette cité fortifiée a été bâtie sur un imposant éperon rocheux de grès de 250 mètres de long sur 80 mètres de large. Au bout, le château construit au 12^ème siècle puis modernisé par Vauban trône tel un navire au milieu d’un océan d’arbres. Décidément, il n’y a pas un endroit où Vauban n’a pas bâti des forteresses devenues des bijoux d’architectures.

Nous reprenons la route, sous la drache, direction Struth pour ma rencontre du jour.

La Rencontre

À mon arrivée, Raphaël me tend l’équipement nécessaire pour entrer dans un nouvel univers. Cet univers n’est pas rempli de milliers d’étoiles, mais de milliers d’abeilles. Raphaël y est totalement à l’aise : avec ses abeilles, il est en communion. Il faut dire qu’il a grandi dans le miel. Il y a 20 ans, ses parents, Sylvie et Laurent, s’installent comme apiculteurs professionnels. Aujourd’hui, ils produisent plusieurs tonnes de miels majoritairement dans un rayon de 60 à 80 km. Ce miel naturel et de qualité est vendu à 80 % dans une quinzaine de supermarchés du secteur. Le reste en direct à la miellerie de Struth ou à boutique de La Petite Pierre. Derrière la miellerie, Raphaël me fait découvrir la « nurserie » de tout de même 300 000 abeilles qui butinent dans les alentours. Sur les 100 à 130 kg produits par chaque ruche, la famille d’apiculteurs ne prélève qu’un quart, soit le surplus produit par les butineuses.

Tout autour, la forêt offre toute sorte de flore pour produire 8 miels différents, dont le fameux miel de sapin si particulier aux Vosges.

Raphaël est d’un calme extraordinaire. Pourtant petit, il est allergique aux piqures et enchainent les œdèmes. Aujourd’hui, il décoiffe ses ruches en toute confiance, sans même s’équiper de protection. Pour ma part, bien à l’abris de ma combinaison, j’observe avec passion et attention ces milliers d’abeilles, si indispensable à notre nature, car 80 % de la pollinisation des espèces végétales provient de leur travail.

Pour finir l’étape

Avec Dimitri, nous roulons sur les petites routes de la région, jusqu’à rejoindre la véloroute de la Vallée de la Moder. La rivière éponyme serpente au fond de la vallée toujours aussi verdoyante. J’adore ce moment de la journée où les kilomètres s’enchaînent, avec le doux murmure des pneus sur l’asphalte, les rayons du soleil qui percent à travers les branchages débordants de chlorophylle.

Une fois de plus, j’ai découvert un territoire qui m’était inconnu, à seulement quelques dizaines de kilomètres de Strasbourg. Un territoire intimiste, hors des sentiers battus, empreint d’une nature triomphante !

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