Étape 1

La rencontre

L'étape

🚲 65 km ↗️ 150 m

8h du matin, au pied de la cathédrale Notre Dame de Strasbourg, mon vélo électrique pointe le bout de son panneau solaire sous les premiers rayons. Cette cathédrale est somptueuse : du haut de ses 142 mètres, son clocher domine la ville, ce sera mon phare sur les 1000 kilomètres de ce tour d’Alsace en 23 étapes !

Mais mon vélo ronge son frein : je prépare ce périple depuis plusieurs mois, et je n’ai qu’une hâte, passer de la théorie à la pratique, et fouler, enfin, les territoires de ma terre natale à la rencontre des producteurs locaux.

Les premiers tours de roue sur les pavés de la vieille ville m’entraînent dans un dédale de maisons à colombage, et déjà, je ne sais plus où donner de la tête : Strasbourg est une pépite ! Sur la Grande-Île, les maisons historiques se succèdent, ce n’est pas pour rien si le centre de la capitale Alsacienne a été entièrement classé au patrimoine mondial de l’UNESCO !

Du mythique quartier de la Petite France, je longe les quais, enjambe les Ponts Couverts, m’incline devant le Palais Rohan, pour rejoindre la Neustadt. Cette « ville nouvelle » a été construite lorsque l’Alsace est devenue Allemande fin 19^ème siècle. Le Reichsland a voulu faire de cette extension une vitrine, le Théâtre National de Strasbourg est un bel exemple, et on peut dire que ce triplement de la superficie de la ville est impressionnant. Ici, les grandes avenues sont tracées au cordeau et s’ouvrent sur l’horizon !

À se demander si, à l’époque, tout était déjà pensé pour le vélo : les pistes sont multiples et interconnectées : je suis impressionné de ne jamais devoir les quitter ! Des Jardins de l’Orangerie et ses tulipes multicolores qui sentent bon le printemps, j’arrive au cœur de l’Europe ! Ici, ce sont les drapeaux qui fleurissent : le Parlement Européen en est le symbole et me rappelle que ce rêve de paix et d’échanges entre les nations est concret et se vit au quotidien !

Plus loin, aux Jardins des Deux Rives en bord de Rhin, la passerelle qui enjambe la frontière pour rejoindre Kehl me montre à quel point l’Allemagne n’est qu’à un coup de pédale ! Attendu pour la première rencontre de l’aventure, je file rejoindre la presqu’Île André Malraux. Cet ancien quartier industriel, longtemps laissé à l’abandon, se réinvente et prend la direction de l’avenir : la tour Elithis Danube est d’ailleurs la première tour au monde à énergie positive.

Un joli clin d’œil à mon vélo solaire : sous ce soleil d’or, j’ai déjà parcouru 30km lorsque j’arrive dans le quartier de la Montagne Verte, et j’ai produit autant d’énergie que j’en ai consommé !

Rencontre avec Fatima Riahi, Jardins de la Montagne Verte

Fatima Riahi est une pionnière : il y a 20 ans, elle décide de donner plus de sens à sa vie en aidant des personnes en difficulté. A l’époque, cette passionnée n’y connait rien au maraîchage, et pourtant, elle se lance dans un pari fou : créer une véritable ferme urbaine à seulement 4km du centre-ville. Les Jardins de la Montagne Verte sont nés. Sa vision : créer un lieu accessible facilement pour les travailleurs et les consommateurs. Ici, on est dans le circuit ultra-court. Plusieurs tonnes de légumes sont produits chaque semaine, vendus en direct aux Jardins où dans les magasins bio. « La terre a cette faculté réparatrice » : Fatima le sait, et elle veut en prendre soin. Aucun produit chimique n’est utilisé, tout pousse au naturel ! Une centaine de travailleurs se consacrent aux plantations, réapprennent un métier, un savoir-faire, et voient pousser de leurs mains de bons légumes gorgés du soleil d’Alsace.
Cette rencontre avec Fatima est un bol d’énergie : des serres, nous passons aux champs : les salades et oignons prennent le temps de pousser. Et si le gel détruit une partie des récoltes, « ce n’est pas grave, c’est la nature, on en replantera ! »

Pour en savoir plus : jardins-montagne-verte.com

Les derniers kilomètres

J’aurais voulu rester aux jardins, écouter Fatima me parler de ses équipes et des variétés de légumes. Mais la route m’appelle, et il me reste 25 kilomètres pour rejoindre Hipsheim, ma destination du jour. Strasbourg est une ville verte et « véloptimiste » : en dévalant la piste cyclable qui longe le canal du Rhône au Rhin, je me rends compte à quel point cette ville est un paradis du vélo. Je n’aurai pas pu rêver meilleur endroit pour démarrer ce voyage, et déjà, j’ai hâte d’être à demain !

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